12 mars 2015 | Galerie mfc-michèle didier | 18:00 / 21:00
Anarchive, affinités / diversités


Masaki Fujihata |Voices of Aliveness |2012-2015|
[_installation avec Réalité Augmentée]

Ce projet, à l’initiative de l’Ecole des Beaux-Arts de Nantes, est conçu comme un méta-monument où sont rassemblées des séquences vidéo enregistrées par une caméra dotée d’un GPS. Des personnes crient tout en effectuant un parcours circulaire à vélo de 500m environ dans la campagne. Les traces de ces parcours sont visualisées par des lignes qui forment une tour dans l’espace virtuel où elle peut continuer à s’élever indéfiniment. Sur ces lignes, dans un ordre qui relève d’une composition musicale, et non plus de la succession des prises de vue, des écrans vidéo mobiles simultanés affichent l’image des performances. Dans cette version avec Réalité Augmentée, cette tour de cris (ou tunnel selon le point de visualisation adopté) se superpose à l’image de l’espace physique où les captations ont eu lieu. En lisant cette image avec la caméra d’un iPad, l’architecture virtuelle fait surgir une réalité définie par un autre espace-temps.


Peter Campus |offshore |2013|
[_vidéo numérique haute définition, dimensions variables, 26 min]

Cette vidéo fait partie d’une série commencée en 2008. Campus filme souvent les rivages aux alentours de Shinnecock Bay tout à l’est de Long Island. Dans la série des « dredgers » il s’intéresse à la présence de l’exploitation industrielle (machines, dragueurs, cargos) dans l’environnement naturel, mais c’est avant tout une expérience sur la lumière et la couleur qu’il propose, et finalement sur le temps, la perception visuelle, la subjectivité et les modalités de la connaissance, des questions qui sous-tendent l’ensemble de son œuvre. Le traitement de l’image n’est pas une simple pixellisation ou sa transformation par un calcul algorithmique, mais un travail quasi « artisanal » au niveau des pixels dont certains sont agrandis, saturés de couleur, avec des interventions sur de multiples couches numériques qui nient la perspective et se tissent dans l’épaisseur de l’image. Il en résulte une tension saisissante entre abstraction et identification de la scène, filmée en plan fixe et sans montage.


Muntadas |Tunnel |1994-2013|
[_vidéo projection]

Cette œuvre faisait partie de l’installation Ici/Maintenant présentée à Calais en 1994 au moment où l’industrie de la dentelle était touchée par une crise grave. Elle a été tournée par l’artiste avant l’inauguration du tunnel sous la Manche. Métaphore de ce passage « à vide », sans débouchés, de l’industrie locale, ce parcours sans fin, oppressif, concrétise paradoxalement une ouverture, la facilitation des échanges entre deux pays la France et l’Angleterre, dont les relations ont été conflictuelles pendant des siècles. Ce lieu sous-marin construit telle une frontière interminable, se livre comme une question nourrie d’autant d’histoires politiques, sociales et culturelles.


Nam June Paik |sans titre |1991|
[_lithographie offset couleur, 75,5 x 102,5 cm, coll. Peter Wenzel]

Cette œuvre est un exemple des séries de gravures et dessins où Paik reprend la forme d’un écran de télévision, la mire de réglage des couleurs, pour y inscrire toutes sortes de signes, écritures, notes de musique, tout petits graphismes simplifiés, de télévisions, de corps, d’instruments, d’avions. Un média nouveau, la vidéo, est réinterprété par des techniques anciennes, la gravure, le dessin. Ici la mire de télévision est basculée à l’oblique et reproduite comme autant d’images d’une pellicule de film, en défilement.


Jean Otth, |L’image introuvable | 2003|
[_installation vidéo, 9 min. en boucle]

Une vidéo-projection de la série des « Nouvelles augures ». Une partie de l’image vidéo est masquée par une forme noire en son centre, sorte de « trou noir », d’où émane un rayonnement de particules, une vibration lumineuse. Occulter l’image, ici sa partie fovéale, pour que le regard s’excite autour, saisi par le mouvement électronique. Le travail d’oblitération de l’image et le rejet de sa partie visible aux limites de ce qui la cadre, est un principe que l’on retrouve dans toute une série d’œuvres de Jean Otth, partagé entre la représentation et son interdit. « Miroir actif, la matière de la vidéo comme support est introuvable, et fragile, mais comme une étoile, elle produit des photons et une certaine énergie ». (J.O.)


Fujiko Nakaya |Earth Talk |1976|
[_fog sculpture #94768, photographie : Elizabeth Burns]

Fujiko Nakaya est la pionnière des sculptures de brouillard à base d’eau pure dont elle a inventé le procédé avec l’ingénieur Thomas Mee en 1969 pour le Pavillon Pepsi (Exposition Internationale d’Osaka, 1970). Depuis elle a réalisé plus de soixante œuvres de brouillard pour des espaces publics, essentiellement dans des parcs, des forêts, sur des places, en relation avec des architectures. La première sculpture de brouillard qui pouvait être traversée par les visiteurs, Earth Talk se déployait dans le parc en face de la Galerie d'art de New South Wales à Sydney. Une zone de ce parc est dédiée au débat public, d’où le titre de l’œuvre. « Les visiteurs réagissaient de diverses façons à cette œuvre et l'interprétaient de multiples manières. Des enfants et des chiens y jouaient, entrant et sortant en courant. Chacun prenait plaisir à ces transitions magiques, instantanées, entre espaces visibles et invisibles. Un vieil homme y joua de la flûte, une infirmière qui passait là, prenant peut-être le brouillard pour un insecticide, se couvrit le visage. » (F.N.)


Thierry Kuntzel |Title TK installation |2015|
[_installation, création]

Cette version en installation du DVDROM Anarchive avait été étudiée avec l’artiste au moment d’achever le projet pour la publication. L’idée était celle d’une vitre tactile interactive placée devant un écran de projection, et sur laquelle le visiteur vient dégager des images de la matière électronique. C’est ainsi que l’on procède pour parcourir les six cheminements composés d’extraits vidéo dans le DVD-ROM, en maintenant le curseur sur l’image si l’on s’y intéresse, ou si on la quitte, en saisissant la trace d’une autre image jusqu’à la faire apparaître pleinement. Un principe de découverte qui invite et à expérimenter un dispositif à la fois optique et tactile qui donne forme à cet écart entre les images, à l’intérieur même de l’image, si important pour l’artiste.
Programmation et design : Andreas Kratky


Michael Snow |Snow (de, à, pour) Thierry |2007|
[_avec des images tournées en janvier 2002 et octobre 2004, 9:40 min silent.]

Cette œuvre dédiée à Thierry Kuntzel décédé en 2007, a été réalisée avec des images tournées en janvier 2002. Thierry Kuntzel avait une grande admiration pour Michael Snow. Quelques unes de ses notes sur le cinéma et l’image lui sont consacrées. Cette neige de M. Snow nous renvoie certes à celle de la vidéo, c’est aussi celle qui a enseveli le corps de Robert Walser auquel Thierry Kuntzel a consacré un ‘tombeau’ Retour dans la neige (2000). Nous regardons tomber la neige par la fenêtre. La durée et les événements infimes que celle-ci donne à voir, le cadre qui structure l’image, la concentration du regard sur une partie de la scène, ce sont autant de principes à l’œuvre dans les films de Michael Snow. En deux zooms avant, la caméra se rapproche du montant central vertical qui tranche l’espace en deux. La fixité de cet élément, sa violence centrale, fait d‘autant mieux saisir les légers mouvements du vent sur les branches qui se chargent de neige. Et au moment où le cadre s’impose dans toute sa matérialité, et sa netteté, l’extérieur s‘anéantit dans le blanc, renvoyé au silence.